Philosophie
Moral Saints
Essay written by gold medalist Gabriel Pospesel for the 2025 final of the Swiss Philosophy Olympiad.
12.06.2023
En jouant à des jeux structurés comme le puzzle, les enfants acquièrent des compétences telles que la mémoire, la motricité fine et la motricité globale. Image : Laura Quignard
J’ai toujours aimé faire les choses de manière ludique, le jeu a toujours fait partie de moi. Après il est vrai qu’à la HEP, ce que l’on apprend, c’est la pédagogie par le jeu. Cela permet de garder les enfants motivé·e·s, de rendre l’apprentissage intéressant et amusant. Plus spécifiquement, ce que l’on nous enseigne en formation, ce sont les apprentissages qui se cachent derrière les différents types de jeux.
Le jeu rend l’apprentissage ludique pour les enfants, ce qui leur permet de rester intéressé·e·s et motivé·e·s; apprendre devient alors un plaisir. Il est bien plus intéressant de faire des calculs à l’aide d’un jeu que si ces derniers doivent être résolus sur une feuille blanche! Un·e enfant à qui l’on enseigne quelque chose de manière frontale est passif·ve, assis·e sur une chaise, sans avoir la possibilité de manipuler, sentir et ressentir. A l’inverse, la pédagogie par le jeu rend l’enfant actif·ve et par conséquent, acteur·trice de ce qu’il·elle est en train de faire ou apprendre.
Tout (dit-elle en riant)! Il existe deux catégories de jeux grâce auxquels les enfants développent des compétences différentes. Les premiers sont les jeux dit « libres » qui n’ont pas de règles et où les enfants font par exemple, semblant de jouer aux voitures. L’adulte ici n’intervient pas, il met à disposition le matériel nécessaire et ensuite, l’enfant est libre de jouer. Créativité, imagination ou développement du langage, les apprentissages sont multiples! Les seconds, appelés « jeux structurés », tels que les jeux de plateau ou les puzzles, nécessitent de suivre des règles. Par exemple, lorsqu’il·elle fait un puzzle, l’enfant a pour objectif d’assembler les pièces. A ce type de jeux, on attribuera davantage l’apprentissage des compétences suivantes : mémoire, motricité fine (imbriquer des pièces de puzzle du bout des doigts) ou motricité globale (parvenir à placer sa main droite sur du bleu lors d’une partie de twister) - pour ne citer que quelques exemples.
Bien évidemment, les apprentissages dépendent également du jeu en lui-même et de sa fonction première telle que: apprendre à compter ou connaître les différentes couleurs. De plus, les deux catégories de jeux susmentionnées permettent de développer des compétences sociales essentielles au vivre-ensemble: attendre son tour, gérer ses émotions lorsqu’on perd ou gagne, débattre ou encore s’entraider; autant de situations qui se veulent extrêmement riches en apprentissages.
"La compétition est source d’apprentissages. Dans les cas de défaites, l’enfant peut apprendre la persévérance, la résilience et le fair-play."
Oui, bien sûr. Pour autant, l’accompagnement d’un adulte est essentiel dans le cadre du développement de la confiance en soi. Si gagner engendre chez l’enfant une augmentation de cette dernière, le fait de perdre entraînera la conséquence inverse. Sur cette base-là, l’adulte doit s’assurer qu’une défaite voire une série de défaites n’aura pas d’impact négatif sur l’estime que l’enfant se porte : « si je perds, cela ne signifie pas que je suis nul ». L’accompagnement de l’adulte est tout aussi important lorsqu’on s’intéresse à la gestion des émotions. Ce qui ne paraît pas grave aux yeux de l’adulte peut l’être à ceux de l’enfant : « t’as déjà vu la tour d’un enfant de 3 ans se casser? », nous lança notre interviewée. Si les encouragements de l’adulte sont importants: « ce n’est pas grave, on recommence », ses réactions face à une défaite le sont tout autant, car les enfants apprennent en miroir et auront ainsi, tendance à imiter l’adulte.
Laura Quignard: Passionnée par l’éducation, Laura a toujours souhaité enseigner. Vers l’âge de 15 ans, elle donne déjà des cours de ski, snowboard et patin dans des clubs sportifs. Diplômée d’une école de commerce, Laura effectue la passerelle Dubs afin de pouvoir intégrer la HEP et devenir enseignante à l’école primaire.
La compétition peut donner un but, comme c’est le cas dans le sport par exemple. En soi, c’est une bonne chose, à condition qu’elle soit saine et accompagnée dans les moments d’échecs comme de réussites. Qu’elle ait un résultat positive ou négative, la compétition est source d’apprentissages. Dans les cas de défaites, l’enfant peut apprendre la persévérance, la résilience et le fair-play: « je n’ai pas gagné, mais je dois admettre que son robot était mieux et qu’il méritait de gagner ». Quant à la victoire, elle doit s’accompagner d’humilité et de respect (ne pas écraser les autres). Tout le défi consiste à trouver un équilibre et cela implique de ne pas négliger l’importance de la reconnaissance. Un enfant doit obtenir de la reconnaissance; que ses efforts l’amènent à un échec ou une victoire, ses efforts doivent être reconnus.
« Dans le quotidien, chaque moment est propice au jeu! Il est nécessaire de laisser la possibilité à l’enfant de faire les choses par lui-même, car c’est en manipulant qu’il apprend. »
Il y a par exemple les jeux classiques, ceux que l’on peut acheter, comme le jeu du Verger et qui sont faciles à mobiliser. Après, dans le quotidien, chaque moment est propice au jeu! Il est nécessaire de laisser la possibilité à l’enfant de faire les choses par lui-même, car c’est en manipulant qu’il apprend. Plier du linge ou cuisiner sont des activités qui peuvent être ludiques et qui, au-delà de l’autonomie, permettent le développement moteur et cognitif: plus spécifiquement, on parle de compétences exécutives. La motricité fine dont nous parlions en est une et se développe dans le simple fait d’équeuter des haricots ou d’arracher les queues de crevettes!
Les grands interdits de sécurité tels que les consignes pour traverser la route ou le fait de ne pas mettre les mains sur les plaques de cuisine. Dans ces cas-là, c’est un « non non », il n’y a pas milles manières d’apprendre.
« Le jeu » - thème annuel. Dans notre série, nous nous efforçons de démontrer à quel point le jeu est important dans l'apprentissage. Nous nous entretenons avec des participant·e·s et une chercheuse afin de répondre aux questions suivantes: quels sont leurs jeux et hobbies préférés? Quel rôle le jeu et la compétition ont-ils dans leur vie et leur expérience au sein des Olympiades.