Let's talk: Les Olympiades de linguistique conjuguent science et diversité
En novembre, le coup d’envoi sera lancé pour les nouvelles Olympiades de linguistique. Des mois de travail ont été nécessaires pour créer la dixième association des Olympiades de la science et, notamment, un professeur, Michiel de Vaan. Avec 9 langues à son actif, le Néerlandais, enseigne la linguistique à l’Université de Genève et de Bâle. Plusieurs objectifs qui lui tiennent à coeur: populariser la linguistique et encourager l’ouverture d’esprit à travers l’étude de la richesse des langues. Entretien.
Michiel de Vaan a fondé les Olympiades de linguistique en septembre 2021.
Participant-e-s de l’Olyday 2021 en pleine résolution des exercices des Olympiades de linguistique.
Vous arrivez en Suisse en 2014. 7 ans plus tard, vous créez les Olympiades de linguistique. Où tout a commencé ?
Il faut revenir encore quelques années en arrière, c’est lorsque j’habitais aux Pays-Bas que j’ai pour la première fois entendu parlé des Olympiades de linguistique. Mon professeur de de grammaire comparée Alexander Lubotsky, avait lui-même participé à une Olympiade de linguistique...mais en Russie! Dès 2001, aux Pays-Bas, Alexander Lubotsky prend l’initiative d’organiser les Olympiades de linguistiques néerlandaises. Un franc succès: la compétition a accueilli plus de 150 participant·e·s.
En 2014, ma femme a décroché un contrat à l’Université de Lausanne et nous avons déménagé en Suisse. J’avais déjà en tête l’idée d’importer les Olympiades de linguistique, mais je n’avais pas assez de temps à disposition. J’ai aussi découvert le mode de fonctionnement suisse: il faut d’abord créer un comité directeur. Tandis qu’aux Pays-Bas tout était centralisé à l’Université de Leyde. Finalement, je me suis lancé et j’ai rapidement pu trouver des fonds et constituer l’association.
"Beaucoup de jeunes ne connaissent pas le métier de linguistique. Et c’est précisément ce que nous voulons changer!"
Let's talk. Les Olympiades de la science réunit des Suisses de tous les horizons qui parlent plus de 3 langues différentes. Comment ça fonctionne? Le röstigraben est-il mythe ou réalité? Language scientifique, universel ou même corporel: à travers cette série tu découvriras toutes les facettes de cette thématique. De quoi acceuillir en beauté la nouvelle Olympiade de linguistique.
Pourquoi les Olympiades de linguistique sont-elles si importantes?
Pour promouvoir la diversité. Les Olympiades de linguistique mettent en avant une pluralité culturelle. Il existe beaucoup de préjugés sur le fonctionnement des langues, leur évolution et leur valeur. Nous voulons montrer que les langues ne fonctionnent pas toutes de la même manière.
Pour populariser la linguistique. Au gymnase, les jeunes n’ont pas toujours l’opportunité de se familiariser avec la linguistique, beaucoup ne connaissent pas le métier de linguiste. Notre Olympiade permet donc d’informer les gymnasien·ne·s, et de préparer les étudiant·e·s potentiel·le·s à l’Université. De plus, la linguistique est une discipline académique qui permet de toucher à de nombreuses matières scientifiques. La langue est au cœur de notre identité et nous concerne donc toutes et tous.
Pour donner confiance aux jeunes. Dans le canton de Vaud, la population de migrant·e·s atteint les 28%. En plus des langues nationales, le serbo-croate, l’albanais, le portugais, l’espagnol, le turc, le tamoul, l’arabe et le néerlandais sont très présents. Beaucoup d’enfants dans le canton n’ont donc pas le français comme langue maternelle et grandissent avec plusieurs langues. À l’école primaire, les élèves suivent l’enseignement en français et apprennent rapidement l’allemand. Les enfants sont donc en contact avec plusieurs langues dès l’âge de 8 ans. Nous voulons leur faire prendre conscience que c’est une richesse, et que leurs connaissances peuvent leur permettre d’appréhender plus facilement d’autres langues.
“Nous voulons aussi faire prendre conscience aux jeunes que leurs connaissances dans une langue peuvent leur permettre d’en appréhender plus facilement d’autres.”
Faut-il donc être plurilingue pour participer?
Non. Aucune connaissance préalable des langues ou des théories linguistiques n’est exigée. Pour réussir à répondre aux questions, il suffit d’appliquer un raisonnement logique et de faire preuve de créativité.
Car il y a une importante composante logique dans la linguistique. Cette matière est souvent considérée comme la branche la plus mathématique des sciences humaines. C’est une approche très analytique et il y a moins de place pour l'interprétation. Pour mettre tous les jeunes sur un pied d'égalité, dans chaque question la réponse se trouve au sein de l’énoncé.
Qui sont les bénévoles qui s’engagent pour les Olympiades de linguistique?
Lors de mon dernier cours de linguistique historique à l’Université de Berne, j’ai pu constituer un réseau de six étudiant·e·s. J’ai également un étudiant très engagé à l’Université de Lausanne. Aujourd’hui, j’aimerai beaucoup qu’une étudiant·e italophone puisse nous rejoindre. En plus de cette équipe de bénévoles, nous avons un comité directeur composé de personnes très impliquées venant de toute la Suisse.
“La langue est au cœur de notre identité et nous concerne donc toutes et tous.”
Après le premier tour, 100 jeunes seront réparti·e·s en quatre groupes pour quatre samedi d’entraînements. Nous animerons ces cours de préparation ensemble avec Jessica Brown, maître assistante à l’Université de Lausanne en English Linguistics. Elle est très engagée et a même participé aux Olympiades de linguistique en Angleterre.