La question « faut-il-rester fidèle ? » met en avant le fait que l’infidélité soit perçue actuellement comme un défaut. Les moeurs courantes nous incitent à la fidélité depuis notre plus tendre enfance. Nous apprenons à garder une certaine constance dans nos pensées, à avoir des relations amicales ou amoureuses stables et à se préparer un avenir sécurisé. C’est la raison pour laquelle la question de la fidélité est pertinente. Ma thèse se portera sur une argumentation allant à l’encontre du système de pensée basé sur le fait que la fidélité est une vertu.
Photo: Gabby Orcutt sur Unsplash
Tout d’abord, que signifie réellement « rester fidèle » ? Il y a ici un pléonasme, car dans la fidélité réside l’idée de « rester ». Cette énoncée porte donc à croire que les Humains sont des êtres fidèles par instinct. Or, il y a sous toute forme de fidélité un engagement et donc en quelque sorte un contrat établi entre deux ou plusieurs entités. Prenons l’exemple d’un couple fidèle sentimentalement et sexuellement : leur union sera basée sur un « contrat » virtuel d’exclusivité relationnelle. Lorsque quelqu’un est fidèle à ses idées, ça ne signifie pas qu’il n’en a qu’une. De plus, la fidélité dans les relations amicales ne conçoit pas qu’on ait qu’un seul ami. La fidélité ne signifie donc pas l’exclusivité. Alors pourquoi serait-ce différent en amour ?
Ensuite, je ne pense pas que la fidélité soit une vertu. Certes, elle permet d’avoir une vie stable mais elle ne garantit pas forcément l’intégrité de l’individu. Une personne peut en effet être infidèle à ses idéologies afin de promettre la fidélité à une personne. Par exemple, abandonner sa liberté sexuelle afin de cohabiter avec les idéologies directrices de l’autre personne et à garantir ainsi une stabilité relationnelle. Aussi, cette personne peut vouloir abandonner ses valeurs afin de céder à un plaisir. La fidélité serait donc un mensonge perpétuel à soi-même.
Aussi, les êtres humains sont en constante évolution. Leurs interactions sociales, leur éducation et toutes ces choses qu’ils acquièrent tout au long de leur vie leur permet donc d’être incessamment confrontés à la nouveauté. « La jeunesse est la période où l’on se déguise, où l’on cache sa personnalité. C’est une période de mensonges sincères. » disait Pablo Picasso. Il souligne ici un point très important : l’évolution perpétuelle et indéniable de l’Humain au cours de son existence. Pourquoi devrait-on donc rester fidèles à nos idéologies passées alors que nous ne sommes plus les même présentement.
Nous pouvons donc constater que la fidélité n’est pas un concept autant évident qu’il a l’air, entre autres car la fidélité ne nous est pas instinctive, que derrière ce terme se cache une bonne partie d’hypocrisie ainsi que de l’influence notable de l’évolution des êtres humains et donc de leur manière de penser.
Mais la question de la fidélité soulève encore une multitude de discussions que je n’ai pas évoqué ici telles que « Quelle est la place de la fidélité au XIXe siècle ? » qui pourrait mettre en avant l’influence qu’a la période à laquelle nous vivons sur nos habitudes ou encore « De quelle manière sommes-nous fidèles ? » qui soulignerait qu’il y a une multitude de façons d’être fidèle.
À propos de l'auteure
Lara Koull a écrit ce texte à l'occasion du premier tour des Olympiades de philosophie 2018. Un deuxième essai lui a par la suite permis de participer à la finale des Olympiades. Elle est élève au Gymnase Intercantonal de la Broye. Lara adore la culture et a toujours eu les yeux grands ouverts sur le monde. La philosophie est pour elle un moyen de comprendre le monde qui l'entoure et de garder les pieds sur terre.