Du 14 au 16 février, 28 jeunes passionnés de physique de toute la Suisse se sont réunis à Lausanne. Leur mission : se préparer ensemble pour la finale des Olympiades de physique. Pendant un week-end ils ont pesé, mesuré et calculé dans les murs de l'EPFL. Qu’ont appris ces jeunes physicien.ne.s durant l’entrainement ? Et qu'est-ce qui les motive à passer leur temps libre avec la physique ? Nous avons assisté à la formation et avons posé ces questions aux participant.e.s.
Préparation de qualité
Alexandra Smirnova et Edouard Sommer sont attablés devant une plaque inclinée en aluminium. «3…2…1…top !» : un troisième camarade lâche un aimant qui glisse le long de la plaque. Alexandra a chronométré: 9 secondes. Edouard note dans un tableau. Il faut répéter la mesure dix fois et faire la moyenne. Ce problème implique les notions de magnétisme et de conductivité des métaux. Cela peut paraître relativement accessible pour Monsieur et Madame Tout le Monde. Mais on entend aussi des expressions plus exotiques, telles que « l’énergie potentielle » ou « le coefficient de forme ». On n’y comprend goutte. Mais ces jeunes, eux, manient ces concepts avec aisance. Il leur reste à trouver comment combiner ces éléments pour résoudre l’exercice.
Nous sommes le samedi 15 février, à l’EPFL à Lausanne. C’est un week-end de préparation en amont de la finale des Olympiades de physique, organisé en collaboration avec la section de physique et le service de promotion de l’éducation de l’EPFL. Une vingtaine de jeunes ont saisi l’opportunité. Parmi eux: des finalistes, qui se sont distingués parmi 800 participants au premier tour, puis parmi une centaine au deuxième tour. Et aussi d’autres jeunes, non finalistes mais désireux d’apprendre encore. Réunis dans une salle de travail, ils travaillent par petits groupes. Ils enchaînent une dizaine d’expériences issues d’anciens examens d’olympiades.
Balance, thermomètre et chronomètre
A une autre table, Nathan Perruchoud, Loïc Nicollerat et Alban Trincherini sont face à un verre en plastique rempli d’eau chaude. Un morceau de sagex recouvre le récipient. Il est transpercé par un thermomètre, qui permet de calculer en combien de temps l’eau refroidit. Loïc trace un graphique sur une feuille millimétrée. « On reporte toutes les valeurs qu’on a mesurées. C’est un peu long, mais c’est important de le faire avec soin pour rendre une documentation précise. » Entretemps, Edouard et ses camarades ont délaissé la plaque en alu : ils ont changé de table et d’exercice. Ont-ils solutionné le problème précédent ? Il fallait définir l’impact du frottement et l’impact du magnétisme dans le ralentissement de l’aimant. « On a compris comment calculer ça. Du coup, on n’a pas été jusqu’à établir les valeurs numériques. On préfère passer à d’autres exercices pour varier », explique Alexandra, pragmatique. Devant eux se trouve maintenant un cône en papier blanc et un petit appareil mystérieux, qui s’avère être une balance technique. Ils remplissent le cône avec divers éléments en plastique et effectuent des pesées.
Plus loin, un autre groupe manipule des ustensiles étranges. Comme cet appareil rond qui vibre, secouant le cylindre en verre qu’il contient, dans lequel sautillent des billes minuscules. Des câbles multicolores le relient à un appareil de mesure. Ce qui est frappant dans la salle, ce sont les rires et la décontraction malgré l’atmosphère studieuse. Et la collaboration est fluide: chacun amène son hypothèse à tour de rôle, jusqu’à ce que s’élaborent les solutions, petit à petit et collectivement. Enfin, ce qui peut étonner, c’est qu’on parle finalement assez peu de compétition.
La soif d’apprendre avant tout
« Ce n’est pas tant le concours qui motive », dit Nathan, 18 ans. « Ici, on va plus loin qu’à l’école, on découvre plus de choses. C’est comme des cours en plus », raconte-t-il avec gourmandise. Actuellement en dernière année au collège de Chippis (VS), il entamera ensuite des études de physique à l’EPFL. Edouard, du même âge, vient d’Uvrier près de Sion. Pour lui aussi, acquérir du savoir est la principale source de satisfaction. « Et ça va m’aider pour mon travail de maturité : il y a ici des notions que je vais pouvoir réutiliser. » Pour la suite, cet Australien d’origine hésite entre l’EPFL et une université australienne. Il ne sait pas quel domaine il privilégiera : électricité, électronique, électro-technique ou physique nucléaire. Alexandra, bientôt 18 ans, vient de Genève. La position au classement peut apporter une satisfaction mais ce n’est pas l’intérêt principal, dit-elle. « C’est d’apprendre ! Ça motive à étudier. Et on fait la connaissance de nouvelles personnes, aussi passionnées de physique ». Elle se verrait bien étudier l’astrophysique, la physique théorique ou la physique des particules. « Ce que je veux faire, c’est de la recherche !»
Des sourires jusqu’aux oreilles, des compétences épatantes, de la concentration et un état d’esprit d’émulation: voilà ce qu’on rencontre au contact de tous ces participants. De quoi faire envie aux jeunes qui hésiteraient à s’inscrire. Et avis aux amatrices : « Ce serait cool qu’il y ait plus de filles !», note Alexandra, unique participante féminine de cette édition.
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