10.02.2023
Julia (au centre) a accompagné l'équipe suisse aux Olympiades européennes féminines de mathématiques (EGMO) à Budapest. Photo: Oleksandr Rudenko
Julia: J'ai eu du plaisir dans les deux rôles. Pour les participantes et les responsables, les mathématiques sont au premier plan - de même que la découverte d'autres pays et cultures, comme en Hongrie en été 2022. En tant que responsable, on assume naturellement une certaine responsabilité vis-à-vis des élèves. Le programme était dense: j'ai fait partie du jury, j'ai traduit et corrigé les examens. Cela représente du travail et du stress. En tant qu'ancienne participante, je peux donner quelque chose en retour et en même temps assumer des responsabilités dans un domaine qui m'est familier.
Les EGMO constituent pour les participantes un objectif allant au-delà du tour final des Olympiades de mathématiques. Cela vaut également pour celles qui pensent qu'elles n'arriveront pas à atteindre la sélection aux Olympiades internationales. C'est passionnant de voir comment les participantes se fixent les EGMO comme objectif.
Je crois que tout succès renforce la confiance en soi des participant-es, indépendamment du genre. Un succès peut être par exemple lorsque l'on a atteint le 2e tour des Olympiades suisses de mathématiques ou que l'on remporte une distinction aux Olympiades internationales. Les EGMO offrent aux jeunes femmes un espace spécifique pour atteindre de tels succès. Par ailleurs, les participantes aux EGMO ont la chance d'y rencontrer de nombreuses jeunes filles enthousiastes et talentueuses en mathématiques. Cela peut créer un sentiment d'appartenance, l'impression "de se trouver au bon endroit".
Nous promouvons le travail en groupe et encourageons les participantes à poser des questions lorsqu'elles ne comprennent pas quelque chose.
Jouer aux Olympiades de mathématiques. Photo: Middle European Mathematical Olympiad 2022 Bern
Les participantes échangent beaucoup, s'aident mutuellement et essaient de résoudre les épreuves difficiles ensemble. En tant que responsables, nous n'avons pas besoin de les aider dans ce domaine. Nous promouvons le travail en groupe et encourageons les participantes à poser des questions lorsqu'elles ne comprennent pas quelque chose.
Nous sommes bien plus qu'un concours. Les participantes passent beaucoup de temps ensemble, quelques journées voire plusieurs semaines pour celles qui atteignent les Olympiades internationales. Le jeu, le plaisir et l'échange font de ces journées et semaines un moment très spécial. Il y a aussi des participantes (moi y compris à mes 16 ans), qui ne se sentent pas particulièrement bien en situations de concours, mais qui sont à l'aise chez nous. Justement parce que nous sommes plus qu'un concours.
Les EGMO crée un sentiment d'appartenance, l'impression "de se trouver au bon endroit".
Je suppose que c'est une conséquence du nouveau format que nous avons introduit au premier tour en 2020. Il s'agit d'un test rapide en ligne. On peut le faire à la maison ou à l'école. Lorsque des classes entières participent, on dispose déjà d'une certaine part de femmes. Autrefois, le premier tour consistait en un examen difficile de trois heures à Zurich, Lausanne ou Lugano. Le test en ligne constitue un obstacle bien moins grand qu'un déplacement pour un examen exigeant sur place. Je peux bien imaginer que cela nous a permis de gagner des participant-es, en particulier des femmes, qui n'auraient même pas pensé pouvoir se qualifier.
C'est assez difficile. Cela est certainement lié au fait que nous avons relativement peu de femmes actives parmi les bénévoles. Notre association se compose principalement d'ancien-nes participant-es. Nous espérons pouvoir trouver davantage de bénévoles féminines grâce aux EMGO, parce qu'elles ont un effet très motivant. Actuellement, Annaelle et moi sommes deux anciennes participantes au comité des Olympiades de mathématiques.
Je souhaiterais qu'il n'y ait plus de “tuyau percé“, à savoir une diminution de la proportion de femmes au fil des tours
Personnellement, je ne trouve pas la répartition des genres en pourcent très déterminante. En revanche, il serait bien plus important selon moi que la répartition des genres reste constante durant tout le concours - jusqu'à la qualification aux Olympiades internationales de mathématiques. Je souhaiterais qu'il n'y ait plus de “tuyau percé“, à savoir une diminution de la proportion de femmes au fil des tours. Entre 2005 et 2019, ce phénomène de "tuyau percé" était bien visible: la proportion de femmes au premier tour était de 30%, de 20% lors de la finale et de seulement 16% au concours international. Durant ces trois dernières années, nous avons eu plus de femmes au premier tour (36,4%, +6,4%) et en finale (26,2%, +6,2%), ce qui me réjouit naturellement. Lors du concours international, la proportion est néanmoins restée presque la même (16,7%).
La recommandation de créer des "offres variées" dans le Guide sur les genres a été mise en œuvre par les Olympiades de mathématiques: elles varient entre des offres spécifiques aux genres et des offres mixtes, organisent les EGMO en concours indépendant et encouragent les activités physiques, ludiques et coopératives malgré le caractère compétitif des événements. En 2019, des bénévoles ont formulé six recommandations en collaboration avec le secrétariat de l'association (Concept, Recommandations).
